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FUKUSHIMA FOR EVER

La vérité VRAIE sur ce qui attend les Japonais !!!!!

 par Alain DE HALLEUX - jeudi 7 juillet 2011
 

FUKUSHIMA, pas de solution !

 

 Comparons les situations entre Fukushima et Tchernobyl. À Tchernobyl, le réacteur Numéro 4 a explosé alors qu’il était en puissance. Il contenait 200 tonnes de combustibles et du graphite. L’explosion thermique dû à la surchauffe de l’eau injectée a fait suite à une réaction de criticité, c’est-à-dire à une sorte d’explosion nucléaire lente, mais suffisamment exothermique (dégagement de chaleur) pour sublimer le combustible, autrement dit pour le transformer de l’état solide à l’état gazeux. Pendant 10 jours, cette réaction et l’incendie qui ont suivi ont propulsé une grande partie du combustible dans l’air à de très hautes altitudes (2 Kms). Le nuage radioactif a dès lors répandu de fines particules d’éléments radioactifs sur près de 40% du territoire européen. La pluie a distribué ces éléments en tâche de léopard, c’est-à-dire de façon non homogène. On en retrouve non seulement aux abords de la centrale, mais aussi en Corse, en Turquie, en Suède etc.

 

 À Fukushima, les réacteurs ont pu être mis à l’arrêt avant que le Tsunami ne frappe les côtes et ne détruise les diesels de secours destinés à alimenter les pompes de refroidissement des réacteurs. La puissance résiduelle suffit à faire fondre les barres combustibles si on ne refroidit pas les réacteurs. Et c’est ce qui s’est passé sur 3 des réacteurs de Fukushima. Les barres ont en partie fondu. Pour le quatrième, les soucis sont venus de la piscine de refroidissement, qui, perdant son niveau d’eau a ouvert la voix à un incendie. Donc, première grande différence : à Tchernobyl, une partie du combustible est partie très haut et très vite dans l’atmosphère et à Fukushima, la catastrophe est lente, les rejets sont continus, mais s’élèvent moins haut. Autre différence : à Tchernobyl, le plutonium présent était issu des réactions de transformation de l’Uranium au cours du processus d’absorption de neutron. À Fukushima, le réacteur N°3 contenait du combustible MOX qui est un mélange d’Uranium et de Plutonium. La situation est donc beaucoup plus grave de ce point de vue-là. À Tchernobyl, il y avait 200 tonnes de combustible. À Fukushima, vu le fait que 4 réacteurs ont été atteints et que leurs piscines de refroidissement sont impliquées dans l’accident, la quantité de combustible est beaucoup plus importante, surtout si on considère que sur le site se trouve heureusement à l’écart une piscine contenant 6000 assemblages de combustible usé ! Au total sur le site, se trouvent pas moins de 4.500 tonnes d’Uranium ! On peut déduire facilement de tous ces éléments que si la catastrophe de Fukushima se prolonge dans le temps, elle sera plus grave encore que Tchernobyl. Il est à ce propos étonnant que les autorités de sûreté aient pris un mois avant de déclarer Fukushima comme un accident de niveau 7 sur l’échelle d’Ines. Pour ma part, je croyais que 4 fois 7 faisait 28…

 

 Au bord de l’Océan, la centrale déverse chaque jour des tonnes d’eau contaminée (notamment au plutonium). Cela aussi est nouveau. Quand on sait que les habitudes alimentaires japonaises sont fondées sur la pêche, on comprend que Fukushima entraînera non seulement des conséquences sur l’environnement et la santé, mais aussi sur l’économie et la culture de ce pays. Nous y reviendrons. Autre différence : Tchernobyl a explosé dans un monde communiste. Les volontaires liquidateurs étaient désignés pour la plupart. Quelques semaines après l’explosion, plusieurs dizaines de milliers de soldats envahissaient déjà la zone pour y opérer. Les images nous montraient le réacteur éventré autour duquel grouillaient toutes ces petites fourmis sacrifiées sur l’hôtel de l’atome. Le Japon est une démocratie capitaliste. Les ouvriers, comme tous les citoyens, ont signé des contrats d’assurance pour leur maison ou pour leur mutuelle. Les règles de radioprotection interdisent de dépasser certaines normes. Il faut payer les volontaires. Bref, il n’est pas aussi facile d’y envoyer du personnel qu’en URSS. Il est frappant de voir que sur les images satellites ou les celles assez rares qui ont été tournées à Daichi, on ne voit quasi personne…À ce propos, j’ai plusieurs fois demandé au lobby nucléaire ou aux autorités de sûreté de mon pays où ils iraient chercher les volontaires en cas d’accident et je n’ai jamais reçu de réponse. Je crains fort que ce point n’ait tout simplement pas été envisagé. Alors même que l’on cherche encore aujourd’hui à circonscrire l’accident, je me demande quelles solutions pour le long terme sont envisageables ? À Tchernobyl, les ouvriers soviétiques ont construit en 6 mois le sarcophage. Les conditions étant difficiles, l’édifice était fragile. Un tremblement de terre de 4,3 sur l’échelle de Richter suffirait à faire s’écrouler l’édifice. Comment dès lors envisager la construction de 4 sarcophages qui puissent résister au minimum à un tremblement de 9 sur l’échelle de Richter et à une vague de Tsunami de 23 m ? Cette solution est à mon sens irréaliste ! Une autre possibilité serait d’enlever le combustible des réacteurs et des piscines de refroidissement. Mais là aussi, je ne vois pas comment les Japonais pourront réaliser cet exploit. En effet, dès que l’on retire de l’eau les barres combustibles, les rayons gamma et les flux neutroniques sont si intenses que les gens dans les parages mourraient à coup sûr dans les heures qui suivent. De plus, il semble que les ponts qui servent à transporter les éléments combustibles soient pour la plupart endommagés. Des débris sont tombés sur les piscines. Comment procéder ? Certains optimistes annoncent que l’on fera comme à Tree Misle Island où l’on a réussi après des années à enlever le Corium du fond de la cuve. Ils oublient, semble-t-il, qu’à TMI, les installations du réacteurs permettant toutes les manipulations étaient intactes et qu’il n’y avait qu’un réacteur à gérer. Je suis d’autant plus pessimiste sur la situation à Fukushima que la situation internationale et économique est plus que jamais fragile. Après 25 ans, on peine toujours à trouver les fonds nécessaires pour Tchernobyl. Comment le Japon financera-t-il ces travaux d’Hercule ? Pour peu que le pays s’effondre économiquement ou que la situation internationale empire encore, ce problème risque bien de ne trouver aucune solution si bien que le Japon pourrait bel et bien s’écrouler entraînant avec lui l’ensemble du système capitaliste comme Tchernobyl en son temps a contribué à faire vaciller le communisme. Quelle sera la situation dans un an, dans 10 ans ? Le césium 137 risque bien de polluer l’ensemble des terres agricoles nippones et américaines. La radio nous annoncera que les normes auront été relevées et, telle la grenouille posées dans un aquarium que l’on chauffe doucement, nous finirons par nous habituer à l’inacceptable…

 

 Quel sens donner à Fukushima ?

 

 Mais il nous faut donner du sens à Fukushima ! Le lendemain de l’accident, Nicolas Sarkozy réunit une cellule de crise. La France est en danger car les opinions publiques risquent bien comme après Tchernobyl d’exiger la sortie du nucléaire. Dépendante à 80% de l’atome, son économie est soudain fragilisée, d’autant que EDF, AREVA, VINCI et BOUYGUES développent un peu partout des projets. À la sortie du conseil des ministres, Mr Besson, Ministre de l’Energie annonce qu’on ne peut pas parler de catastrophe. Mais quelques jours plus tard, le gouvernement réalise qu’il commet la même erreur qu’en 86, lorsque le gouvernement a cherché à protéger ses choix énergétiques en déclarant que le nuage s’était arrêté à la frontière grâce à l’intervention d’un miraculeux anticyclone…Une semaine plus tard, la France réunit donc les Ministres européens de l’énergie à Bruxelles pour y faire une déclaration rassurante : des stress-tests allaient être organisés sur les centrales européennes. Les résultats seraient divulgués dans un an…cela me rappelle furieusement les réunions du G8 en 97 afin de trouver une solution pour changer l’image du nucléaire 10 ans après la catastrophe. Nul doute que la France et les pays engagés dans le renouveau de l’atome ne cherchent à gagner du temps, spéculant sur le fait que les opinions publiques vont se lasser de Fukushima. De plus, ces stress-tests mettent de côté le facteur humain. Comme je l’ai montré dans le premier chapitre, c’est l’élément essentiel de la sûreté de nos centrales ! Pour ma part, je ne peux rester simple spectateur de cette nouvelle catastrophe. Je veux lui donner un sens. Nous ne pouvons oublier. Nous ne pouvons pas non plus nous contenter de parler de Fukushima dans les salons ou suivre sur Internet les dernières vidéos sans rien faire. L’homme est un animal étrange, le seul qui accumule de l’information sans nécessairement l’utiliser. Un loup respire une odeur de femelle ? C’est pour chercher à la rejoindre. Il entend un bruit suspect ? Il fuit. Mais nous, humains, nous ingérons de l’information et nous ne la digérons pas. Elle ne nous donne pas l’énergie pour agir, si bien que nous devenons de plus en plus lourds et angoissés. Afin que Fukushima ait du sens et que les Japonais ne souffrent pas pour rien, il nous faut agir chez nous et œuvrer en tant que citoyens pour sortir d’un processus névrotique et mortifère. Les Allemands nous montrent l’exemple. Au lendemain de Fukushima des milliers de citoyens formaient des chaînes humaines qui entouraient les centrales. La pression citoyenne est telle qu’Angela Merkel elle-même est obligée d’annoncer la sortie progressive de l’atome. Cela dit, leur combat n’aura de sens que si les autres pays se mobilisent. Car une Allemagne sans centrale n’est toujours pas à l’abri d’une explosion en France. Les vents dominants entraîneraient la contamination de Fessenheim sur la Ruhr, poumon économique de l’Europe…

 

 Mon grand-père me disait toujours : « Si tu marches dans une merde, ne regarde pas trop longtemps ta semelle. Ca ne changera rien. Observe plutôt autour de toi. Car c’est près des merdes que poussent les meilleurs champignons ». Le Japon a marché dans une belle grosse merde. Il doit y avoir des champignons quelque part. Où ? Au fur et à mesure que le taux de Césium radioactif va augmenter dans le nord du pays et à Tokyo, les habitants vont devoir migrer vers le sud. Là, il deviendra impossible de survivre en s’accrochant à un modèle socio-économique fondé sur la concurrence et la rentabilité. Les Japonais vont devoir inventer un nouvel art de vivre ensemble. Or dans quelques années, nous seront 9 milliards d’êtres humains sur la Terre et nous ne pourrons pas continuer à vivre comme aujourd’hui. Il nous faudra partager l’énergie et les ressources essentielles. Le Japon pourrait bien nous apprendre à affronter ce défit.

 

 Changer de paradigme

 

 Malgré la catastrophe de Windscale en 57 qui pollua le nord-ouest de l’Angleterre dans la plus grande indifférence, malgré TMI en 79 aux USA, Malgré Tchernobyl en 86, malgré Fukushima en 2011, il y a encore des aveugles pour dire : « Oui, le nucléaire comporte quelques dangers mais, si nous en sortons, nous reviendrons à la bougie et ce n’est pas acceptable. » Ils présupposent qu’il n’existe pas d’alternative et que le nucléaire est indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique. Je voudrais réagir par rapport à ce discours. Primo, les alternatives existent. Plusieurs rapports le démontrent. Deusio, le nucléaire ne représente que 3% de l’énergie sur la planète. Ce secteur ne peut donc à lui seul modifier la situation du CO2 dans l’atmosphère. Tertio, pourquoi devons-nous toujours aborder le problème en terme énergétique ? Au départ, il y a la relation et non l’énergie. Cette dernière est certes importante pour notre survie et notre confort, mais la relation entre êtres humains est encore plus importante. L’énergie ne peut être un but mais un moyen ! Et il serait bon de renverser le paradigme actuel ! Nous ne savons pas quel impact Fukushima aura sur la santé à long terme. Une autre catastrophe surviendrait –et les statistiques montrent actuellement que l’événement a lieu en moyenne tous les 25 ans !- alors, ce sera la fin de l’humanité ! D’autre part, en admettant que l’atome nous offre du confort et de l’énergie aujourd’hui, c’est oublier qu’alors nos enfants n’auront pas d’électricité du tout. En effet, le démantèlement des réacteurs coûtera une fortune. Selon les sources on parle de 3 à 7 milliards par réacteur. À Sellafield, dans le nord-Ouest de l’Angleterre on a entrepris le démantèlement d’un réacteur graphite gaz qui ne sera terminé qu’en 2112 !!! La France qui possède 54 réacteurs laisse donc une dette colossale à la génération qui suit. Et ceci sans parler de la gestion des déchets qui en soi n’est toujours pas résolue. L’Allemagne nous montre encore une fois le chemin. Depuis plusieurs années elle réoriente sa stratégie énergétique offrant ainsi à ses enfants un espoir. Mais pour sortir de l’atome, il nous faut opérer un bouleversement politique de grande ampleur. Et c’est tout le système économique qui est à modifier. Car l’atome est au centre de ce système et il est illusoire de vouloir sortir du nucléaire sans modifier la société qui l’entoure. Aujourd’hui, les décisions sont essentiellement dans les mains du secteur privé. Le politique n’a plus beaucoup de poids car le citoyen est devenu essentiellement un consommateur. Si on fait l’hypothèse que le nucléaire n’est au départ ni bon, ni mauvais, que ce n’est qu’un outil et que tout dépend comment on l’utilise –car un marteau peut servir à enfoncer un clou dans le mur ou à tuer son voisin- les citoyens doivent se rendre compte qu’il y a tout simplement inadéquation entre l’atome et le système qu’il alimente. Imaginons en effet que vous êtes actionnaire de GDF SUEZ en Belgique et que je vous annonce que moi, Suez, je vais fermer un réacteur et le démanteler. Que faites-vous ? Vous allez vendre vos actions car vous savez que les coûts d’une telle opération vont sérieusement entamer les bénéfices de l’entreprise. Résultat, ces sociétés privées ne peuvent admettre de sortir du nucléaire. Ils sont pris dans un cercle vicieux. Seule la course en avant est envisageable. Leur décision de fermer ou de prolonger un réacteur ne dépend pas de données scientifiques, mais bien de contingences financières…

 

 À nier l’humain, on met en péril l’Humanité



19/07/2011
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